#Billiepourlavie – Amandine va marcher pour Billie… affronter l’effort pour se relever

06 Avr 2025 | Actualités Naître et Vivre

Relier Paris à Perros-Guirec, soit 1 100 kilomètres en moins de quinze jours, en réalisant le maximum de tronçons à pied, tel est le défi qu’Amandine s’est lancée en mémoire de sa petite fille, Billie décédée le 25 août dernier à 23 mois.

Amandine et son épouse Céline étaient parties en vacances au Danemark en août dernier. Et le 25 – une date devenue indélébile dans leur mémoire aujourd’hui – la petite fille a fait un arrêt cardiaque dans son sommeil en pleine nuit. L’autopsie a montré que Billie est décédée d’une infection foudroyante, due à un streptocoque. Les deux mamans ne voulaient pas de cet examen qui leur a été imposé par l’administration danoise. « Mais après coup on est soulagées d’avoir une explication. » lâche tristement Amandine.  

Au traumatisme du décès, le couple a ensuite été confronté aux démarches laborieuses pour ramener Billie dans de bonnes conditions, depuis le Danemark, jusque chez elle en Ile-de-France, ce qui prendra dix jours. La cérémonie au cours de laquelle la petite fille a été incinérée a eu lieu trois jours après la date anniversaire de ses deux ans. « Nous avons ensuite dispersé ses cendres le 25 décembre à un endroit très symbolique pour nous : le phare de Perros-Guirec, notre lieu de vacances, la première plage où Billie a marché, mais aussi la dernière », confie Amandine.

« Me confronter à moi-même »

Le sport a été rapidement une évidence pour cette jeune femme adepte de la course à pied. « Quand je cours il y a quelque chose qui me rappelle Billie ». Mais, six mois après, Amandine a éprouvé le besoin de se lancer dans cette marche. « Il me fallait partir de chez moi, me retrouver seule, me confronter à moi-même, sortir de cette hibernation, de ma zone de confort, faire ce voyage au bout de l’effort que je n’ai jamais tenté », raconte la maman.

Elle emportera à la fois la petite casquette de Billie, mais aussi, comme elle le fait désormais quand elle court, glissera dans son gilet de course, le t-shirt au sigle des jeux olympiques que Billie portait cet été lors des JO Paris 2024, quand elle a joué au basket place de la Concorde.

Amandine s’élancera dans ce périple inédit le 7 avril prochain du parvis de Notre-Dame à Paris en démarrant par le GR 22 qui la mènera au Mont Saint-Michel

Avant le grand départ, elle allumera un cierge à Notre-Dame, comme elle compte le faire à la cathédrale de Chartres, une de ses étapes. Ni elle, ni son épouse ne sont croyantes. « Mais aujourd’hui j’ai besoin de passer par ce rituel », analyse la jeune femme qui se dit « terrifiée à l’idée d’oublier Billie. Nous avons déjà oublié le son de sa voix, l’odeur de ses cheveux, je veux me reconnecter à elle », souffle-t-elle. A 31 ans elle se sent assaillie de sentiments paradoxaux, à la fois terrorisée par cette solitude à venir, par la confrontation avec elle-même, mais en même temps ayant tellement hâte de démarrer.  « Me confronter à l’exercice physique, ça va me prouver qu’on peut continuer à vivre, retrouver les sensations », ajoute-t-elle.

Donner un sens à la mort, un sens à la vie

Une fois le Mont Saint-Michel atteint, elle prendra le GR 34. Direction Perros-Guirec. Les étapes sont balisées, entre 20 et 30 km de marche par jour au plus. Des tronçons seront faits en bus, ou en bateau en passant par l’ile de Bréhat, selon le parcours qu’elle a prévu.

Par cette marche Amandine veut « donner un sens à la mort de Billie, un sens à la vie, à cette petite vie si courte sur terre qui nous fait faire de grandes choses aujourd’hui ».

Après le décès de leur fillette, les semaines pleines de vide ont semblé hors du temps : « Il y a des jours où à 16 heures on réalisait qu’on avait oublié de déjeuner, on n’arrivait pas à se coucher ». Les deux jeunes mamans, qui ne se sont quasiment pas séparées depuis le décès, ont repris le travail rapidement. Cela les a remises dans un rythme. « On ne pensait pas être capables de redémarrer et pourtant on l’a fait… ça doit être ça la résilience ». Mais en même temps, au bureau, il fallait prendre sur soi, ne pas pleurer, se rappelle-t-elle. « Dans cette marche je vais m’accorder ce droit, laisser place à mes émotions, vider mon sac, ce que je n’ai pas pu faire ces derniers mois, faire le vide. »

La jeune femme a choisi de marcher pour le compte de Naître et Vivre, l’association qui les a accompagnées, depuis le décès de Billie, elle et son épouse. Elles y ont trouvé du réconfort. « Les témoignages d’autres parents endeuillés nous ont montré qu’on pouvait s’en sortir, que malgré toute la douleur il était possible de se relever. C’est ce que je veux faire en marchant ». Marcher pour tous ces petits partis trop vite, en pensant à tous ces parents frappés par ce drame.

Reconnue d’utilité publique, Naître et Vivre a trois missions : accompagnement des parents endeuillés, la prévention de la mort inattendue du nourrisson et la recherche médicale. Amandine et Céline y ont trouvé soutien et réconfort.