» Pas facile d’être en vacances ! «
Pourtant ils nous avaient dit : « Partez, faites un break, vous verrez, ça vous fera du bien ».
Comment n’ont-ils pas pu réaliser ce qu’ils disaient ? A qui ils le disaient ?
Nous qui venons de perdre notre enfant. Comme si des vacances pouvaient gommer, atténuer notre souffrance, effacer notre désespoir.
Pourquoi n’ai-je rien dit ? Aucun son n’est sorti. Je suis restée muette, je n’ai pas pu leur crier mon horreur. J’ai fini par dire : « oui bien sûr, oui probablement, oui vous devez avoir raison. Des vacances, oui, des vacances nous feront le plus grand bien ».
Peut être ai-je voulu y croire moi aussi ?
Ils avaient l’air de savoir, eux. Ils étaient très sûrs d’eux. Ils semblaient savoir ce qui était bon pour moi, pour nous. Peut-être avaient-ils l’expérience que je n’avais pas ? Plus âgés, plus expérimentés, j’ai fait confiance après tout, ils sont d’habitude de bons conseils.
Et pourtant on le savait d’avance. Non,…
Non, le soleil n’a pas anesthésié ma douleur.
Non, la mer n’a pas noyé mon chagrin.
Non, les rires des enfants n’ont pas étouffé mon cri.
Non, les nuits étoilées d’été n’ont pas enlevé ma terreur du noir.
Mais j’ai pourtant regardé comment…
… les galets sont devenus tout ronds, tout doux à force du ressac.
… le vent dans les voiles fait traverser les océans.
J’ai regardé l’infiniment petit et sa beauté en pensant à toi.
J’ai regardé les enfants jouer et je t’ai imaginé. Je t’ai vu tout bronzé criant plus fort que les autres.
Il me plaît de croire que tu m’as fait un clin d’œil et que tu m’as soufflé que tu m’aimais autant que je t’aimais.
Il me plaît de croire que tu seras à mes côtés, maintenant et tous les étés à venir.
Françoise