L’été est propice aux retrouvailles en famille. Les enfants qui ont fini par grandir, pour certains éloignés, d’autres qu’on ne voit pas souvent et qui viennent avec leurs propres enfants.
C’est le temps « consacré » des grands-parents. Ah ! les grands-parents, nous y voilà, comment est-ce possible ? Comment de parents endeuillés, sommes-nous arrivés à devenir des grands-parents alors que pendant des années, cette perspective du futur nous semblait si étrangère, concentrés que nous étions à avancer comme nous pouvions, pas après pas ? Nous avons, contre vents et marées, réussi à traverser l’épreuve de la perte de notre enfant, essayant comme nous avons pu de surmonter ce traumatisme familial surprotégeant sûrement les frères et sœurs, attentifs et inquiets de l’impact de la perte de cet enfant sur la famille restreinte puis élargie.
Et puis, c’est arrivé : l’annonce d’un premier tout-petit. Quelle aventure de voir nos enfants devenir parents à leur tour. Nous avons appris à tourner sept fois la langue dans notre bouche avant de suggérer très timidement un avis. On ne peut pas s’empêcher du coin de l’œil de vérifier que les recommandations de prévention sont bien respectées : lit à barreaux, sans oreiller, sans couverture, bébé sur le dos en turbulette, sur un matelas ferme.
Et que dire… que faire si le parent déroge ? On fait le constat amer qu’on n’est pas prophète en sa demeure.
Alors : que faire ?
On essaye timidement de s’assurer que les règles générales de sécurité soient bien comprises. Ajuster et trouver le bon ton. Entre ingérence et prévention, il faut savoir trouver l’équilibre. Apprendre à doser entre s’immiscer et faire confiance.
Peut-être faut-il repenser la prévention pour la rendre plus accessible, plus entendable, tout en étant moins donneuse de leçon, moins moralisatrice, plus adaptés à ces nouveaux parents.
Et puis il faut aussi réussir l’exploit d’accepter, sans trembler, de garder « Junior » en l’absence de ses parents. Et sourire en se remémorant la bonne vieille recette, encore de nature à nous apaiser, qui consiste, sans faire de bruit, à aller voir dix fois plutôt qu’une, si Junior est bien couché, respire bien. Méthode bien plus sûre que toutes les caméras connectées.
Qui a dit que devenir grand-parent, pour nous, parent endeuillé, était un jeu d’enfant ?