Le British Medical Journal a publié (mai 2013) une étude importante, co-signée par 7 épidémiologistes reconnus dont le Pr R. Carpenter, sur les risques accrus de mort inattendue du nourrisson même lorsque les parents ne fument pas. Plusieurs commentaires ont été publiés sur cette étude dont celui d’Elisabeth BRIAND-HUCHET, médecin conseil de Naître et Vivre.
Dans le cadre de nos actions de prévention de la mort inattendue du nourrisson, nous présentons ici les points marquants de l’étude Carpenter, puis nous relayons les articles français.
Etude Carpenter et al.
Le titre, « Bed sharing when parents do not smoke. Is there a risk of SIDS » signifie « Partage du lit quand les parents ne fument pas : y a-t-il un risque de Mort Inattendue du Nourrisson ? »
Selon cette étude, « 88% des décès qui surviennent lors du partage du lit pourraient être évités si le bébé était couché sur le dos dans un lit adapté près de celui de ses parents». Le risque de mort subite serait 5 fois plus élevé lorsque le bébé est couché dans le lit de ses parents, même lorsque ceux-ci ne fument pas et ne sont pas alcoolisés.
L’étude dénonce la diffusion actuelle de messages de prévention qui ne déconseillent le co-dodo que si les adultes fument, boivent, se droguent, sont très fatigués ou si l’enfant est prématuré. Or, les risques sont présents dans le lit des parents, même en l’absence de ces facteurs de risque supplémentaires.
Cet article relève que le nombre de décès liés au co-dodo serait en augmentation dans les pays qui promeuvent le « co-dodo » lors de l’allaitement. Les cas de partage du lit serait passés de 22% des MIN (résultat de la méta-étude de Carpenter) à 50% ou plus suivant des études plus récentes.
Les auteurs concluent ainsi : « la place la plus sûre pour le sommeil d’un bébé est un petit lit dans la chambre de ses parents pendant les 6 premiers mois ».
Florilège d’articles de presse
Rue89 : Mort subite du nourrisson : » dans le lit, le thorax écrasé »
La Croix : Le « co-sleeping » mis en cause dans la mort subite du nourrisson
Le Figaro : Dormir avec son bébé accroît le risque de mort subite
Les titres sont marquants, et résument les risques vitaux qu’encourent les nourrissons lorsque les parents les font dormir dans leur lit après l’allaitement.
Dans l’article publié par le quotidien La Croix, Elisabeth Briand-Huchet, médecin conseil de notre association, intervient pour expliquer les dangers de cette pratique :
Le nourrisson peut s’enfouir le visage, avoir trop chaud, être exposé à un confinement respiratoire ou encore être victime d’un écrasement thoracique entraînant une hémorragie pulmonaire.
Dans l’interview donnée à Rue89, le Pédiatre E. Briand-Huchet (médecin conseil de l’association Naître et Vivre) donne des réponses claires aux questions suivantes :
- Qu’est-ce que la mort subite du nourrisson ? (différence avec la mort inattendue du nourrisson)
- Quels sont les dangers de la position ventrale ?
- Pourquoi les recommandations de couchage ont-elles changé entre les années 80 et les années 90 ?
- Le co-sleeping est un danger au même titre que la position ventrale ?
- Peut-on aussi agir sur l’immaturité et les mécanismes d’éveil ?
- Pourquoi n’y a-t-il pas plus de campagnes de prévention ?
Une précision sémantique sur les termes anglais est apportée dans cette interview :
- le co-sleeping, c’est faire dormir le bébé dans la chambre des parents; cela favorise l’éveil et la « sécurité » du nourrisson.
- le co-bedding ou bed sharing, c’est partager son lit avec le bébé. C’est cette pratique qui est dangereuse.
Cet article est donc un bonne synthèse de la prévention de la mort subite du nourrisson, que nous développons dans cette autre section de notre site internet.
Réponse polémique de l’Unicef :
L’Unicef UK, section britannique de l’organisation des Nations Unies pour l’Enfance, vient cependant de remettre en cause les conclusions de l’étude de Carpenter et al., dans un communiqué sur son site internet. L’argument de l’Unicef est l’inhomogénéité ou l’insuffisance des informations sur la consommation d’alcool ou de drogue des parents dans les cas de mort inattendue, puisque la méta étude de Carpenter et al. compile et analyse 5 études menées entre 1987 et 2003.
Ce communiqué objecte alors que ce n’est pas le partage du lit qui est dangereux en soi, mais que ce sont les circonstances (alcool, drogue, tabac, forte fatigue) dans lequel il est pratiqué qui augmentent les risques… Soyons clair : faire dormir un bébé dans un lit inadapté est un facteur de risque de MIN en soi, et la présence des parents dans le même lit augmente encore ce risque, sans parler des pratiques à risque « banales » que sont l’alcool, le tabac et les drogues en général.
Pour Naître et Vivre, l’allaitement ne peut se faire dans le lit parental que si, dès l’allaitement terminé, le bébé est couché dans son propre lit, si possible proche du lit des parents.