Le deuil est un processus qui évolue, mais pendant combien de temps ? La durée de ce processus chez l’adulte était l’une des questions centrales abordées par Eric Bui (professeur de psychiatrie au CHU de Caen) et par Franck Lehuédé (directeur d’études et de recherche au CREDOC) lors des Assises du deuil qui ont eu lieu au Sénat le 10 octobre dernier.
Eric Bui a rappelé ce que disait le psychiatre John Bowlby à propos de la phase aigüe du deuil : « La perte d’un être cher est l’une des expériences les plus douloureuses de la vie. Non seulement douloureuse à vivre, mais aussi à voir, en raison de notre incapacité à aider. Pour les personnes en deuil, le retour du défunt est le seul réconfort envisageable ».

De cette phase aigüe, juste après le décès, le deuil évolue au fil du temps, et par à-coups, jusqu’à une phase de deuil intégré caractérisée par une restauration de l’intérêt pour les activités actuelles, de la capacité à ressentir joie et satisfaction et par une sortie de l’isolement. Bien sûr, le sentiment de connexion au défunt persiste. Manque, tristesse et solitude sont encore ressentis, mais de façon moins intense, moins fréquente, moins durable. Les pensées et les souvenirs concernant le défunt sont accessibles, mais ils ne sont plus intrusifs.
Une durée extrêmement variable
« Combien de temps prend ce processus : six mois, un an, trois ans, toute la vie ? » demande Eric Bui, avant de répondre… qu’il n’y a pas de réponse. Cela dépend de la personne, de l’intensité du lien qu’elle partageait avait le défunt, du soutien social dont elle bénéficie et du contexte du décès. En écho, Franck Lehuédé signale que dans l’enquête 2025 du CREDOC, 89% des personnes déclarent avoir vécu un décès qui les a particulièrement affectés et parmi celles-ci, 56% estiment être encore aujourd’hui endeuillées, dont 37% pour un décès survenu il y a cinq ans ou plus. Parmi les 56 % qui n’ont pas terminé leur deuil, un tiers pense qu’il ne prendra jamais fin. Ainsi, chaque deuil évolue à son rythme. C’était une certitude partagée par les accompagnants de Naître et Vivre et d’autres associations ; c’est maintenant une norme statistique établie.
« Combien de temps prend ce processus : six mois, un an, trois ans, toute la vie ? » demande Eric Bui, avant de répondre… qu’il n’y a pas de réponse. Cela dépend de la personne, de l’intensité du lien qu’elle partageait avait le défunt, du soutien social dont elle bénéficie et du contexte du décès. En écho, Franck Lehuédé signale que dans l’enquête 2025 du CREDOC, 89% des personnes déclarent avoir vécu un décès qui les a particulièrement affectés et parmi celles-ci, 56% estiment être encore aujourd’hui endeuillées, dont 37% pour un décès survenu il y a cinq ans ou plus. Parmi les 56 % qui n’ont pas terminé leur deuil, un tiers pense qu’il ne prendra jamais fin

L’enquête du CREDOC montre aussi que 11 % personnes endeuillées présentent encore, un an après le décès, une constellation de signes intenses qui évoquent un Trouble du deuil prolongé. Ce pourcentage est plus important lorsque la personne endeuillée a apporté une aide régulière au défunt (16 %) ou que le défunt est un conjoint ou un enfant (22 %).
Le Trouble de deuil prolongé
L’OMS reconnaît le Trouble de deuil prolongé depuis 2018 et il figure maintenant dans les classifications internationales. Selon Eric Bui. Ce trouble survient lorsque le processus de deuil se bloque et il se définit par la conjonction de plusieurs symptômes (aucun n’est décisif s’il est isolé) présents plus d’un an après le décès : pensées intrusives quasi quotidiennes, évitement des rappels de la mort, difficultés à se réinsérer dans la vie, sentiment persistant que la vie n’a pas de sens, grande solitude, etc.
Le trouble s’accompagne de complications somatiques, de comportements à risque, d’une dégradation de la qualité de vie… Il est plus fréquent chez les femmes, en cas de décès soudain ou violent, ou bien lorsque le défunt est le conjoint ou un enfant. Vivre dans un environnement stressant ou avoir un soutien social insuffisant augmentent également le risque. La prise en charge des personnes victimes de ce trouble relève de professionnels formés.
Rompre l’isolement
D’après l’enquête du CREDOC, la moitié des personnes endeuillées se sont senties isolées. L’isolement est l’une dimension majeure du deuil constamment rappelée au cours des Assises sous des appellations variées. Elle est à l’origine de souffrances que les écoutants de Naître et Vivre ont à cœur de panser autant que faire se peut en offrant leur temps et leur écoute attentive, pour une durée… indéterminée.
Le deuil d’un être cher nous affecte durablement et, comme tous les évènements qui nous touchent profondément, il modifie nos priorités et modèle la personne que nous devenons.
Pour en savoir plus sur les Assises du deuil 2025, cliquez ici.


