Parfois, plusieurs mois après leur décès, si ce n’est plusieurs années, le désir de se raccrocher à un lieu de mémoire se fait sentir pour des parents qui n’ont pas pu ou pas voulu organiser des obsèques pour leur bébé. Ou alors ils se trouvent éloigner du lieu d’inhumation, ou encore, tout simplement ils ressentent le désir d’accomplir collectivement un rituel…
Des cérémonies collectives laïques sont organisées depuis quelques années par les crématoriums. Depuis 2010 au cimetière du Père Lachaise à Paris, la cérémonie a lieu le premier mardi de chaque trimestre à 8h45. A Champigny-sur-Marne, c’est une fois par an un samedi matin de juin. Elles existent aussi à Nantes, Lyon, La Roche-sur-Yon, Lille…
Les parents arrivent un peu avant l’heure. Puis ils sont invités par le maître de cérémonie à entrer dans l’espace dédié. Des images intemporelles sont diffusées sur un écran, baignant dans un fond musical très doux. Sur une table repose une boite contenant les médaillons. De quoi s’agit-il ? La crémation des petits corps ne générant pas de cendres, un objet plat en céramique remplace symboliquement les cendres..
Après une brève introduction qui explique le sens de la cérémonie et un temps de recueillement, les parents sont invités à rédiger un message. Ceux qui le souhaitent peuvent partager ce message avec l’assemblée ou le faire lire par le maitre de cérémonie. Moment ô combien émouvant car la plupart sont adressés à l’enfant disparu. Puis chacun vient déposer son message sur les médaillons. Lectures et musique alternent ensuite. Les parents sont enfin incités à se rendre à la stèle du souvenir dans laquelle le maître de cérémonie déposera les médaillons. Les parents s’attarderont ensuite encore un peu dans cet endroit du souvenir. Certains très émus se confieront aux bénévoles des associations d’accompagnement au deuil comme Naître et Vivre ou Agapa.
Dans cette période où il est si difficile de parler de la perte d’un enfant, ces cérémonies collectives offrent la possibilité d’en parler avec d’autres. Elles permettent le passage d’un vécu individuel à une expérience solidaire. Elles sont un jalon sur le chemin du deuil. Et les monuments sont, eux, des endroits où se recueillir quand le besoin s’en fait sentir.